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Maxence Caqueret, Amine Gouiri et les 2000, la génération du millénaire ?

Auteur d'un excellent début de saison, Amine Gouiri est la principale tête d'affiche de la génération 2000
Auteur d'un excellent début de saison, Amine Gouiri est la principale tête d'affiche de la génération 2000

À 21 ans, Amine Gouiri, Maxence Caqueret, Illan Meslier, Wesley Fofana et Aurélien Tchouaméni sont les têtes d’affiches de la très impressionnante génération 2000. À mi-chemin entre l’irrationnelle génération 87 et la trop conventionnelle génération 93, zoom sur la dernière mine d’or du football français.

Ce n’est un secret pour personne, à défaut de performer sur la scène européenne, les clubs français sont de véritables usines à pépites. De Monaco à Lens en passant par Lyon, Paris ou Rennes, chaque année, de nouveaux talents tous plus impressionnants les uns que les autres émergent des différents centres de formation tricolores. Ces derniers mois, comme les 1987 ou les 1993 par le passé, une génération crève l’écran, la génération 2000. Focus.

Une cuvée digne des meilleures

Au sein du microcosme du football français, il y a des générations qui marquent leur époque. Ces dernières années, deux d’entre elles se sont particulièrement distinguées, les générations 1987 et 1993.

En 2004, au championnat U17, la génération 1987 s’inscrit véritablement dans l’histoire du football tricolore. Emmenée par Karim Benzema, Samir Nasri, Hatem Ben Arfa ou encore Jérémy Menez, l’équipe de Philippe Bergeroo va au bout d’un Euro qu’elle aura ébloui de son talent. En finale, les Bleuets s’offrent même pour la deuxième fois du tournoi la belle Espagne de Cesc Fabregas et Gerard Piqué.

Neuf ans plus tard, en 2013, Paul Pogba et sa génération 1993 entrent eux aussi dans l’histoire. Au terme d’une finale du Mondial U20 remportée aux tirs aux buts face à l’Uruguay de José Maria Gimenez, les bleuets matérialisaient l’avènement d’une génération aussi dense que talentueuse. Dans ses rangs, la bande de Pierre Mankowski ne compte pas moins de quatre champions du monde 2018 ! Outre Paul Pogba, Samuel Umtiti, Florian Thauvin et Alphonse Areola sont eux aussi de l’aventure turque. Ce n’est pas tout. Eux aussi futurs internationaux A, Lucas Digne, Kurt Zouma, Jordan Veretout et Geoffrey Kondagbia sont aussi de la partie. Enfin, s’ils ne sont pas présents à l’époque pour des raisons diverses, Raphaël Varane et Nabil Fekir appartiennent eux aussi à la génération. De quoi faire passer à six le nombre de joueurs nés en 1993 sacrés champions du monde en Russie il y a trois ans !

Évolution des mentalités et influence lyonnaise

Pour autant, si les générations 1987 et 1993 ont marqué, à deux échelles différentes, l’histoire du football français, ces dernières comportent des défauts qui semblent gommés au sein de la génération 2000. En 2004, si la génération 1987 triomphe grâce à la force de frappe individuelle unique de leur quatuor offensif iconique, les membres à avoir réalisé une carrière à la hauteur des attentes ne sont finalement que trois. Si Karim Benzema, Samir Nasri et à une autre échelle Benoît Costil sont parvenus à tirer leur épingle du jeu, pour les autres, le chemin a souvent été très escarpé. Destinés au graal, Hatem Ben Arfa et Jérémy Menez n’ont finalement connu que relativement peu de périodes très fastes, la faute notamment à un goût trop prononcé pour une différence individuelle plus difficile à réaliser chez les pros. Quid de l’intelligence collective ? C’est une autre question.

En 2013, les U20 s’illustrent avant tout par une force physique et un abattage impressionnant passant parfois au profit de l’intelligence de jeu et de la qualité technique. Ainsi, pour plusieurs grands gabarits tels que Naby Sarr ou Yaya Sanogo, la suite a été plus difficile. S’il réalise une carrière très honorable au vu de ses qualités intrinsèques, Kurt Zouma est un autre symbole de ce qu’était la sélection « à l’ancienne » de Pierre Mankowski.

À ce rayon-là, la génération 2000 semble mieux formée. Au-delà d’un talent immense, les têtes d’affiches des actuels Espoirs sont avant tout des joueurs de football accomplis. Ainsi, difficile de ne pas prédire aux Amine Gouiri, Amine Adli, Maxence Caqueret, Wesley Fofana, Illan Meslier et autres Sofiane Diop une carrière parmi les hautes sphères du football européen. Le plus frappant est la propension à lier l’esthétique à l’efficace, deux qualités plutôt distinctes chez les deux promotions préalablement évoquées. Comme un symbole, la colonne vertébrale provient à grande majorité du centre de formation de l’Olympique Lyonnais. Pierre Kalulu, Melvin Bard, Maxence Caqueret, Amine Gouiri, quatre diamants polis par l’académie rhodanienne et biberonnés à la méthodologie du directeur du centre Jean-Francois Vuilliez et de ses disciples parmi lesquels Armand Garrido par le passé et Amaury Barlet ou Pierre Sage aujourd’hui. Preuve que les clubs ont fait du chemin, les profils simplement physiques et autres solistes invétérés ont laissé place à des joueurs cérébraux capables de s’adapter à de multiples situations. Dans les buts, Illan Meslier est le profil même du gardien moderne et, si son jeune âge ne lui épargne pas quelques erreurs, le portier formé à Lorient semble constituer aux côtés de Mike Maignan l’avenir tricolore du poste. Derrière, Melvin Bard, Wesley Fofana, Loïc Badé, Maxence Lacroix, Mohamed Simakan, Oumar Solet ou Pierre Kalulu sont tous de beaux joueurs de football capables autant que bien défendre que de fournir à l’équipe un réel apport avec le ballon. Au milieu, l’élève modèle est Maxence Caqueret. Cadre des équipes de France depuis son plus jeune âge, le Lyonnais a déjà fait ses preuves face aux plus grandes écuries européennes, à 21 ans seulement. S’il n’a pas encore été appelé en A, cela ne devrait trop tarder. Récemment, un autre joueur de la génération a d’ailleurs fait irruption à Clairefontaine. Révélation de la saison dernière en Ligue 1, Aurélien Tchouaméni constitue, au-delà de dispositions physiques impressionnantes, un joueur de football complet.

Amine Gouiri comme porte-drapeau

Enfin, au moment où nous apprêtons à passer aux postes offensifs, l’heure est à l’émoustillement. Au moment de regarder la composition choisie par le sélectionneur des Espoirs Sylvain Ripoll pour affronter l’Ukraine vendredi, difficile de rester insensible au trio Sofiane Diop, Amine Adli et Amine Gouiri. À 21 ans, en plus d’être trois joueurs affirmés et efficaces, les trois garçons vouent au ballon une relation toute particulière.

Face à l’Ukraine, alignés ensemble pour la première fois, les Amine et Sofiane régalent. A la pointe de l’attaque, Amine Gouiri se distingue tout particulièrement. S’il ne parvient pas à scorer, le natif de Bourgoin-Jallieu fait l’étalage de toute sa classe. Dans un style à la Karim Benzema, l’attaquant niçois crée, distille et se met au service de ses camarades. Pour les yeux, chaque prise de balle est un plaisir. Facilitateur permanent, il est l’homme du match d’une rencontre maitrisée de bout en bout par les siens (5-0). Auteur de cinq buts et trois passes décisives en huit matchs de Ligue 1, Amine Gouiri n’est que dans le ton de son début de saison. De quoi lui permettre d’intégrer les A d’ici la Coupe du monde en décembre 2022 ? C’est un objectif. Le faire avec ses copains Maxence Caqueret, Illan Meslier, Wesley Fofana et Aurélien Tchouaméni serait encore plus beau.